Gazette de Déecembre – janvier 2022

Les travaux du moment a la ferme

Bonjour à tous, re voilà la gazette ! Avec un peu de retard et nous nous en excusons (la gazette du mois passé publiée au milieu du mois suivant, ce n’est pas bien sérieux tout ça… Nous allons nous reprendre, promis! ).

Nous allons donc tenter deux mois de rétrospective. Les mois de décembre et janvier ont été relativement calmes, mais pas inactifs pour autant.

Nous avons tout d’abord poursuivi les plantations de pois et de fèves.

Ils ont maintenant bien grandi et annoncent de belles poêlées printanières ! Pour rappel, l’an dernier nous avions vu un tiers de notre plantation de fèves grignoté par les campagnols, cette année, rien du tout. Le maraîchage est décidément une activité pleine de suspense…

En ce qui concerne les plants que l’on ne produit pas nous-même, nous avons reçu les oignons blancs et les premières salades pouponnées par le lycée de l’Aulne de Châteaulin. Plantation très prochaine !

Les premiers semis ont également été effectués, en plaques pour le mesclun, ou directement en pleine terre sous tunnel pour les pommes de terre primeurs et les carottes. Après deux années successives d’échec des carottes primeurs pour des raisons mystérieuses, nous mettons beaucoup d’espoir dans la fournée 2022 !

Semis de carotte fraichement réalisé

L’entretien des cultures en cours se poursuit (arrosage, désherbage…) ainsi que la gestion quotidienne de la météo (ouverture et fermeture des serres, voiles de chaleur pour les nuits froides…). Une attention particulière est à apporter aux températures nocturnes, car lors des épisodes de gelées, il nous faut penser à couper l’eau et vidanger tout le circuit. Faute de quoi le gel fait éclater des vannes, l’hiver dernier nous avions dû en remplacer à trois reprises par négligence de ce paramètre.

blettes

La gestion de nos boucs nous a également pris un certain temps. En effet, l’herbe est moins poussante en hiver, nous devons donc les déplacer très régulièrement. De plus, l’enclos d’hiver que nous leur avions confectionné ne leur convient que moyennement car ils se lassent vite de l’herbe et se languissent de leur mets de prédilection (orties, ronces, chardons et autres délices pour langues parées à toute épreuve). Pour rappel, mouton = tondeuse et chèvre = débroussailleuse. Nous avons ainsi pu assister à l’épreuve “saut en hauteur” de notre clôture par Bouc-maison, avec une facilité qui nous a laissés bras ballant, au regard du temps qu’elle nous avait pris à construire…

Le coupable, Bouc-maison autrement appelé le Kangourou de Kergwenn

L’hiver est le moment propice à la plantation d’arbres et d’arbustes. Nous avons ainsi agrémenté nos haies existantes de fruitiers et nos talus avec divers arbustes : cornouillers mâle, viornes, amélanchiers, sorbiers, sureaux… De quoi nous abriter du vent en hiver, du soleil en été, et accueillir toujours d’avantage de petites bêtes sur notre parcelle !

Enfin, l’hiver est également le moment idéal pour le bricolage que l’on n’arrive pas à caser dans le planning en saison. Yann et Xavier ont ainsi eu le loisir de mettre au point un râtelier pour ranger nos outils de manière pratique et gagner en efficacité. Ils ont aussi commencé à concevoir des bacs pour optimiser l’espace au centre de notre bi-tunnel, et ainsi y installer des aromatiques cet été comme par exemple du basilic.

Enfin, les garçons ont été bien occupé à récolter des quantités astronomiques de poireaux. En effet, ayant interrompu les ventes au marché pour l’instant, il nous reste beaucoup de poireaux au champ. Nous les avons donc proposé à la Biocoop de Quimper… qui nous a proposé de nous faire des commandes de 100 à 150 kg. Autrement dit, plusieurs journées passées au champ à couper les cheveux de centaines de poireaux à la chaîne !

Les legumes du mois

Légumes à venir à la reprise des marchés :  

  • navets boule d’or
  • blettes
  • mesclun
  • choux raves …

Petit point Agri-culture

Ce mois-ci, nous vous proposons de ré-écouter l’intervention de Yann dans l’émission mensuelle de Radio Evasion consacrée au monde paysan: 20 ans de réflexion agricole au CIVAM.

Il y passe en revue les récents évènements ayant eu lieu en Finistère pour célébrer les 20 ans du CIVAM (centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural). Pour rappel, cette association de paysans dont nous sommes des membres actifs, accompagne les initiatives d’agriculteurs et de ruraux du Finistère dans des actions qui s’inscrivent dans la recherche d’un développement durable.

Le CIVAM a ainsi organisé trois moments d’échanges et de débats sur les thèmes :

  • le Collectif et le Commun en agriculture “On ne fait rien tout seul”
  • le Progrès en agriculture (et le rapport à la technologie)
  • la question de l’accès à l’alimentation de qualité pour tous

Voici le résumé des échanges des deux premières soirées, qui a été fait en direct par une facilitatrice graphique.

Première soirée de débat: Agir collectivement, les différentes échelles et possibilités de collectif en agricole.

Deuxième soirée sur la thématique du progrès et du développement en agriculture. Nous étions accompagnés par la coopérative (SCIC) d’auto-construction l’Atelier Paysan, qui nous a présenté son récent ouvrage Reprendre la terre aux machines.

Edito

Dans cette rubrique, nous souhaitons exprimer des avis personnels en lien avec notre métier d’agriculteur, ou faire des petits zooms sur l’actualité de l’agriculture.

Nous souhaitions partager avec vous quelques informations que nous avons apprises à la lecture du livre “Reprendre la Terre aux machines”, et qu’il nous semble crucial de connaître.

L’ouvrage apporte notamment quelques réponses à la question que l’on peut souvent se poser : pourquoi et comment le modèle agro-industriel dominant, pourtant critiquable et tout sauf durable, se maintient-il ? Pourquoi les constats sociaux, environnementaux, sanitaires ne débouchent-ils jamais sur un changement de trajectoire?

Selon l’ouvrage, une des clés qui permet de l’expliquer, se situe tout simplement à l’échelle des traités européens qui fixent les “règles du jeu” de la PAC. Tout d’abord, les accords internationaux de libre-échange que la France signe depuis les années 50 (et continue de signer) qui vont toujours dans le sens d’un abaissement des coûts de production des denrées agricoles.

A l’échelon européen, ce sont les accords de Maastricht (1992), d’Amsterdam (1997) et le traité de Lisbonne(2007) qui fixent les règles de libre-échange. Les pays entrés sur le tard dans l’UE (Espagne, Portugal, Grèce) dotés d’un coût de travail plus faible que chez nous (SMIC espagnol 30% plus faible que le français) ont inexorablement inondé le marché de produits plus concurrentiels. Pour le seul secteur des fruits et légumes (celui qui nous intéresse ^^) la production française s’est effondrée: nous étions auto-suffisants en 1990 et importons maintenant 50% de notre consommation de fruits et légumes.

C’est pourquoi nombres d’acteurs réclament régulièrement une harmonisation sociale européenne. Ce que révèle le livre, c’est que celle-ci est tout simplement prohibée par l’article 153 du traité de Lisbonne ! On ne peut donc aboutir qu’à une harmonisation des prix par le bas… Pour illustrer cela, le livre revient sur une tentative par l’état français, en 2015, d’encadrer les prix du porc qui étaient à ce moment-là catastrophiques. Les syndicats agricoles, l’agro-alimentaire et le Ministère de l’Agriculture avaient envisagé un accord pour enrayer le chute des prix. Malgré que la démarche ait échoué, la Commission européenne avait ouvert une enquête contre la France ! Même au titre de la défense des consommateurs, des producteurs, de l’environnement ou de “l’intérêt général”, il est tout simplement interdit d’essayer d’influer sur l’évolution spontanée des prix agricoles, qui doivent rester libres au sein de l’Union. Cela constitue une distorsion économique majeure…

Il est donc important que nous, citoyens, soyons bien conscients de cet état de fait, en ces temps d’élections présidentielles. Car tel ou tel parti politique affirmant s’engager pour une transition agro-écologique doit aborder ce sujet épineux des blocages européens, sans quoi le discours serait vide de sens.

A-benn ar wech all evit keloù all ! A bientôt pour la nouvelle gazette !

Malou surveille son troupeau de substitution…

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