Gazette Aout – septembre 2024

Les travaux du moment à la ferme

Mesdames messieurs veuillez tout d’abord accepter nos plus plates excuses pour notre si long silence…. La gazette s’est absentée et nous avons tenté de combler avec quelques articles entre temps. Mais la revoici, ar gazetenn Legumaj Kergwen zo deuet endro!

L’été fût plus satisfaisant que prévu malgré le mois de juillet pluvieux car août nous a amené quelques beaux rayons de soleil (pas chauds mais bien là). Le pic de production de tomates qu’on n’espérait plus vraiment a bien eu lieu. Mais la récolte des haricots verts grimpants – nous prenant jusqu’à 5h/semaine lors d’une année normale – n’a pas été folichonne. La production de melons a par contre tenu toutes ses promesses. Globalement les marchés estivaux de Bénodet et de Plomelin ont été bien remplis, merci aux habitué.e.s comme aux touristes! Nous avons eu une belle affluence à la ferme les mercredis alors: merci pour votre fidélité et pour le bouche à oreilles!

Nous avons, comme chaque année, organisé une récolte participative des patates de Kergwenn. Malgré les assauts des armées de doryphores et du mildiou, le rendement n’est pas si catastrophique. Ouf. Merci aux bénévoles, petits et grands, pros du gratouillage de patates dans la terre!

Notre temps a bien été occupé par un interminable chantier de désherbage de poireau (allez, plus que 13 lignes… à raison de 2 lignes/heure à 2) et d’autres cultures (euh les céleris, ça fait combien de jours qu’on est pas allés voir?…). Mais les cultures d’automne ont réservé de belles surprises. Après une belle préparation du sol et une occultation de 5 semaines, le semis de radis noir et navet violet a été parfait! Les lignes sur ces 2 légumes n’ont jamais été aussi belles que cette année. Après une année 2023 assez décevante, le millésime courges 2024 est bon, très bon même. La récolte et le stockage a commencé.

Idem pour les choux et le mesclun, ça promet… Cela nous rappelle l’absence de mesclun en automne-hiver l’année dernière…la serre qui l’abritait ayant été détruite par la tempête.

Il est beau ce semis mais qu’il est beau…
Mesclun en très bonne voie
Épinards et salades dans la serre automnale

La vie à la ferme suit son cours, on récolte, on entretient, on plante.

Les semis d’avoine/vesce (engrais vert) viennent remplacer les cultures terminées (voir photo ci-contre de l’ancien champs de patates après semis d’EV) et les bricolages reprennent… le rythme s’allège pour nous laisser le temps d’avancer sur les tâches de fond. Cet hiver, installation prévue de Yann pour créer le GAEC Legumaj Kergwenn (jusqu’ici il bénéficiait du statut de conjoint collaborateur).

Enfin, les poussins grandissent bien (12!) dans leur nouvel enclos. Ils ne peuvent plus passer à travers les mailles ce qui n’est pas pour arranger les affaires du renard qui trouvait chez nous de quoi se nourrir en automne….

Les prochaines étapes avant l’hiver: peaufiner nos nouvelles serres à qui il manque les derniers détails, achever de débarrasser les cultures d’été dans les serres… et ré-étanchéifier nos tenues Guy Cotten en espérant qu’on aura moins de pluie que l’hiver dernier !

Les légumes du mois

Voici les légumes que vous pourrez trouver sur notre étal de cet automne :

  • Basilic, persil
  • Aubergines
  • Oignons
  • Échalotes
  • Épinards
  • Poivrons
  • Dernières tomates
  • Poireaux (les premiers!)
  • Pomme de terre (chair tendre ou chair ferme)
  • Patates douces
  • Panais
  • Courges (potimarron pour l’instant)
  • Carottes
  • Choux (frisé, blanc, rouge, fleur)
  • Blettes bottes
  • Betteraves
  • Raisin
  • Navets

Et bientôt…

  • Radis noir
  • le retour des salades!
  • le retour des courgettes! grâce à notre planche sous abri
  • Mesclun
  • Mâches

Agri-culture

Pour cet article, c’est moi Anne au clavier. Je vais vous parler d’une étude, à laquelle j’ai participé depuis 1 an avec le CIVAM, qui s’appelle « L’injuste prix de notre alimentation« .

ça faisait longtemps que je bouillais d’impatience de présenter cette étude, mais officiellement on n’avait pas le droit d’en ébruiter les résultats avant la sortie officielle. C’est maintenant chose faite, depuis le 17 septembre, date où nous sommes montés à Paris avec d’autres membres du CIVAM et du secours catholique, pour participer à la présentation officielle devant quelques 200 invités (élus locaux, députés, associations impliquées dans l’alimentation…). Mais retour en arrière, d’où sort cette étude et à quoi sert-elle?

Vous le savez sûrement, Yann et moi sommes très impliqués dans l’association CIVAM du Finistère (j’en suis maintenant la co-présidente), nous vous en avons déjà bien parlé (trop? ^^). Cette association de producteurs réunis celles et ceux qui ont pour ambition de dynamiser les campagnes, via un réseau large de fermes, qui se veulent autonomes et économes, en s’appuyant sur les principes de l’éducation populaire et de l’agro-écologie. Un rapprochement s’est fait il y a plus de 2 ans entre 4 associations en apparence bien différentes: le réseau Civam, le Secours Catholique, Solidarité Paysans et la Fédération Française des Diabétiques.

La raison: nous avons fait, chacun dans notre coin, des constats alarmants:

–> 8 millions de Français en insécurité alimentaire, a minima 2 millions de personnes obligées de recourir à l’aide alimentaire pour se nourrir

–> + 160 % de diabétiques en vingt ans, quand l’obésité prend un virage épidémique

–> 18 % des agriculteurs sous le seuil de pauvreté, qui ne parviennent pas à tirer un revenu décent de leur travail, et deux fois plus de risque de suicide que pour le reste de la population

–> disparition de 30 % des oiseaux des champs en 15 ans, 437 captages d’eau potable abandonnés entre 2010 et 2021 en raison des nitrates et pesticides en France (et tant d’autres dégâts environnementaux non comptabilisables…)

Nous avons réalisé que ces impacts avaient des sources communes, provenant de notre système agro-alimentaire, et que les solutions ne sauraient venir de « rustines » posées au fil de la chaine. Le secours catholique répond à l’aide alimentaire d’urgence, solidarité paysan aide les paysans en détresse, nous soutenons les agriculteurs… mais ce n’est pas suffisant. Le résumé de l’étude menée ci-dessous:

Les quatre organisations y dénoncent un système qui bloque structurellement la résolution de la triple équation de l’accessibilité sociale, de la durabilité de notre alimentation et de la juste rémunération des producteurs. Elles démontrent notamment que le prix que l’on paie pour se nourrir ne reflète en aucune manière les coûts pour la société, et invite à repenser en profondeur notre système alimentaire ainsi que la façon dont il est soutenu, notamment par les pouvoirs publics.

Les quatre associations pointent 30 pistes concrètes pour garantir un accès équitable à une nourriture de qualité, tout en assurant un revenu décent pour les agriculteurs et en respectant les limites planétaires, et invitent à dépasser collectivement les clivages, à prendre conscience des enjeux et à opérer un sursaut démocratique salutaire.

Et une petite vidéo qui résume la problématique (car oui, on s’est payé une agence de com pour rendre ça plus sympa 😉

Personnellement, j’ai participé à un groupe mixte qui s’est retrouvé plusieurs fois depuis un an, entre paysans et bénévoles/ bénéficiaires du secours catholique. Le but était d’apprendre à se connaitre, de confronter en toute simplicité nos réalités du quotidien autour de l’alimentation.

De notre côté, nous nous sommes rendus compte de la réalité et de la violence de la précarité alimentaire (« moi le soir je ne mange souvent que des flocons d’avoine dans de l’eau chaude… », « ça fait des années que je n’ai pas acheté de pain chez le boulanger, ce n’est pas envisageable avec mon budget… »). Nous avons réalisé que l’alimentation était la variable d’ajustement pour les ménages sous la seuil de pauvreté, quand les dépenses contraintes -logement et énergie- ne cessent d’augmenter.

Nous avons aussi expliqué la réalité de notre métier de paysan, la frustration de faire tout ce qu’on peut pour produire de la nourriture de qualité, mais sans pouvoir proposer un produit accessible au plus grand nombre. Et au final sans toutefois être rémunéré à la hauteur du travail engagé, et être aussi parfois touchés par la précarité.

Beaucoup de respect au fil de ces rencontres, d’émotions parfois, nous avons déconstruit des mythes et au final dressé un constat commun: ce système créant de la pauvreté à tous les échelons est profondément injuste, il ne nous appartient pas de le changer seul. Les injonctions contradictoires sont nombreuses: il suffirait à l’agriculteur de produire mieux pour être mieux rémunéré, il suffirait au « consomm’acteur » de voter avec son porte-monnaie, alors même que la publicité fait tout pour l’orienter faire des produits trop gras/trop salés/trop sucrés. Conclusion, quand on n’a pas les moyens de choisir son alimentation, on subit en plus de l’exclusion le sentiment d’être mis hors du jeu démocratique.

Nous avons concrétisé ces rencontres par une visite, tous ensemble, au Salon de l’agriculture, l’occasion d’aller questionner les acteurs du système alimentaire sur ces questions (j’ai particulièrement apprécié aller écouter la langue de bois du chargé de communication de la FNSEA, et entendre l’industriel de Saveol avec ses 8 ha de serres verre tout informatisées et ses 100 employés me dire qu’il était mon collègue paysan 😉

Et les suites pour l’avenir : plusieurs réunions publiques locales que nous allons proposer pour présenter ce travail (une prochainement à Crozon, puis à Chateaulin, à Quimper…), et au niveau national un échange à l’assemblée avec les députés intéressés pour porter nos recommandations au sein du gouvernement. Je vais tâcher de mettre mes bottes les plus rutilantes la semaine prochaine pour y aller, souhaitez-moi bonne chance !

Vivement Samaïn !

A-benn ar wech all evit keloù all ! A bientôt pour la nouvelle gazette !

2 réflexions sur “Gazette Aout – septembre 2024”

  1. Bravo à tous les 2 pour votre énergie et votre implication dans le produire mieux et vivre mieux ! Félicitations pour le futur GAEC, et merci pour l’explication sur l’étude sur l’alimentation, c’est un constat qui effraie et il faut en effet faire bouger les choses.
    Des bises normandes 🙂

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