Gazette octobre – novembre 2022

Les travaux du moment a la ferme

Bonjour à toutes et à tous!

Enfin, nous avons de l’eau sur la ferme! Le nouveau forage a été creusé et relié au réseau existant. Petit bémol lorsque le premier essai de forage, pourtant situé 10m à gauche du précédent, n’a rien donné. Mais tout est rentré dans l’ordre au 2ème essai. Cela fait tout drôle, de laver les légumes au jet. On se rend compte de la valeur des choses, du confort qu’apporte l’eau courante… Les 400 poireaux et les dizaines de kilos de légumes hebdomadaires lavés à la main dans la bassine ne nous manqueront pas!

Et puis, en ce moment, commencer les journées par des petites séances de rebouchage de tranchées d’irrigation à la pelle, ça réchauffe! Vous noterez sur les photos que nous accueillons en ce moment sur la ferme Florian, jeune stagiaire BPREA qui s’installera prochainement à Combrit. Autant être en bons termes avec la (future) concurrence ! 😉 Sa présence nous aide bien à avancer tous les gros chantiers de fond que nous tenions à boucler avant l’hiver.

L’automne n’a pas été synonyme de froid cette année. Par contre, l’humidité n’a pas manqué! Nous avons donc revêtu nos cirés pour les séances récoltes et autres séances de lavage. Les stocks de légumes baissent au champs mais il y a toujours de quoi faire, notamment en choux et poireaux.

Les récoltes de mâches sont aussi toujours aussi belles.

Concernant la conservation des récoltes, l’Algeco acheté il y a 2 mois s’est bien rempli. En compagnie d’un déshumidificateur, les pommes de terre, oignons et courges vont pouvoir tenir longtemps à l’ombre. Cela tombe bien car il nous faut maintenant compter sur deux nouveaux débouchés: la cantine de l’école Saint-Exupéry de Pluguffan et un nouveau restaurant qui s’installe à Quimper l’année prochaine. Nous vous en reparlerons sûrement!

Ces mois-ci, les enfants du centre de loisirs de Plomelin et les plus jeunes de la crèche Plom’d’Api sont venus nous visiter. Un plaisir pour nous et pour eux: plantation de framboisiers (la récolte sera pour eux l’été prochain, nous les avons invité à venir cueillir!), observation de la vie dans nos mares, découvertes des légumes cultivés sur la ferme… etc.

Outre les récoltes, l’essentiel de notre temps se passe maintenant à faire du rangement dans nos champs : repli des lignes d’arrosage, repli des voiles de protection, nettoyage et repli des bâches.

Au revoir les aubergines!

Quelques derniers semis sont mis en place sous serre: mesclun, et déjà fèves pour déjà penser au printemps…

Le feuilleton des poules continue avec nos 3 petites dernières qui ont à présent dépassé en taille leur mère couveuse. Celle-ci étant une poule naine, ça n’a pas tardé… Si vous avez suivi, je ne dis pas 4 individus car notre jeune coq est parti avec un prédateur (renard, fouine ou martre). Il avait pris goût à l’aventure en solitaire et ne suivait plus sa mère et ses sœurs depuis quelques temps. Donc si on résume cette année aviaire 2022 par un problème mathématique:

Soit un poulailler donnant 9 poussins au cours de l’été. Retirez tout d’abord 2 poussins emportés par les corneilles/pies, 1 noyé dans une écuelle d’eau, 1 laissé hors du nid par sa mère, 1 autre disparu avec sa mère suite à une attaque de fouine/martre. Sur la 2ème couvée, enlevez 1 coquelet évadé. Combien de couvées y a-t-il eu à Kergwenn et combien de poussins deviendront-ils poules pondeuses? A vos calculettes !

Le résultat donne un indice sur notre niveau d’éleveurs avicoles…

Les legumes du mois

Légumes sur notre étal en ce moment

  • Persil botte
  • Betteraves cuites
  • Pommes de terre chair ferme Allians et chair tendre Passion
  • Panais
  • Poireaux
  • Céleris raves
  • Oignons
  • Patates douces
  • Choux verts lisses, frisés
  • Choux kale
  • Chou chinois
  • Chou rouge
  • Épinard
  • Mâche
  • Radis
  • Radis noir
  • Navet
  • Courges butternut, Delicata

Légumes à venir:

  • Fenouil
  • Mesclun

A noter que la vente du mercredi est désormais terminée pour l’hiver !

Nous vous prévenons également à l’avance que cette année, nous ne ferons pas la vente du samedi 24 décembre. Nous vous le redirons en temps et en heure pour que vous puissiez prévoir de faire vos achats du réveillon ailleurs !

Agri-culture

Pour cette gazette, nous avons décidé de vous parler d’alimentation – pas étonnant vu le métier que l’on a choisi, me direz-vous! – mais pas seulement.

En tant que paysans du CIVAM29, nous interagissons avec des collègues, nous nous formons et réfléchissons ensemble à tout ce qui constitue notre métier et nos vies dans les campagnes. C’est dans ce cadre que l’on en est venus à rejoindre un groupe de réflexion historique du CIVAM29 qui travaille sur l’Accès à l’alimentation. Ce n’est pas anodin, cet accès. Surtout quand on le souhaite le plus large et le plus équitable possible. Lorsqu’on s’y intéresse, force est de constater que l’accès à une alimentation de qualité pour tous n’existe pas. Malgré les initiatives locales, la vente directe qui fleurit de-ci de là, le compte est loin d’y être. Aujourd’hui 21 millions de français.es de disent insatifait.e.s de leur nourriture. Parmi ces 21 Millions, plus de 8 millions sont inscrits à l’aide alimentaire. L’aide alimentaire qui était censée être un dispositif d’urgence pour gérer une situation anormale, s’est pérennisée dans le temps. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes y souscrivent. Au Civam29, comme au sein d’autres structures, nous nous sentons concernés par cette problématique. En tant que producteurs de nourriture mais aussi en tant que citoyens.

Ces derniers-temps de nombreuses projections du film “La part des Autres” réalisé par le réseau CIVAM ont lieu partout en France, et particulièrement dans le Finistère.

Quand nous le pouvons nous participons, avec les autres membres du CIVAM, au débat suivant les projections.

Nous vous proposons la bande-annonce ici.

Nous soutenons le collectif pour la création d’une Sécurité Sociale Alimentaire. Créé en 2019, il pose les bases d’un système plus juste pour l’accès à une alimentation de qualité pour tous. Cette SSA ne doit pas être LA solution mais c’est, nous pensons, UNE des solutions à mettre en place pour pouvoir enfin dire qu’en France, nous sommes tous égaux face à l’accès à une alimentation de qualité.

Selon ce collectif, L’aide alimentaire n’est pas défendable comme horizon, quand bien même elle est indispensable malheureusement aujourd’hui :
1) Elle ne concerne que les plus démunis, il ne s’agit pas d’un droit universel, mais d’une solution pour pallier un problème d’accès à l’alimentation. Les violences symboliques liés à cette mendicité organisée sont très fortes.
2) L’aide alimentaire est aussi un moyen de minimiser les pertes et de défiscaliser pour les grandes et moyennes surfaces, et donc de refiler les restes de l’industrie agro-alimentaire aux plus démunis sans considération pour la qualité ou leur droit de choisir leur alimentation.
3) Enfin ce système engendre une alimentation à deux vitesses, une pour les pauvres et une pour les autres, qui est de fait profondément inégalitaire.

Le droit à l’alimentation que propose la SSA est donc basé sur l’universalité et le droit à une alimentation choisie. En voici les 3 piliers:

L’UniversalitéE du processus
le Financement baseé sur la cotisation sociale
le conventionnement des produits accessibles organise déemocratiquement

Sachez qu’un territoire test va être désigné en France et que cette idée fait son chemin auprès de certain.e.s parlementaires… En attendant d’en entendre plus sur cette SSA un jour ou l’autre et, si cela vous intéresse, nous vous invitons à regarder cette vidéo résumé !

EDITO

Dans cette rubrique, nous souhaitons exprimer des avis personnels en lien avec notre métier d’agriculteur, ou faire des petits zooms sur l’actualité de l’agriculture.

Ce mois-ci, nous aimerions rebondir sur un sujet qui colle particulièrement à l’actualité, celui des méga-bassines. Nous nous permettons donc de vous faire suivre le communiqué de presse que la Confédération paysanne a écrite à ce sujet.

Mégabassines : les paysan·nes en première ligne des ravages de l’agro-industrie

Face aux sécheresses à répétitions, syndrome du dérèglement climatique, les mégabassines deviennent pour certains la réponse adéquate alors qu’elles sont en fait un moyen pour ne pas s’attaquer à la cause principale : des sols qui ont perdu leur capacité d’infiltration, de stockage et de mobilisation de l’eau.
Pire, les mégabassines accentuent la perturbation du cycle de l’eau en participant au maintien d’un système agricole qui stérilise les sols et nécessite des volumes de prélèvement d’eau toujours plus importants. Dans le Sud-Ouest, par exemple, où le taux de recharge des nappes va diminuer de 30 à 50%, les mégabassines sont une solution totalement anachronique.

Pour justifier leur installation, les promoteurs des mégabassines multiplient les mensonges. Après celui de leur remplissage direct par de l’eau de pluie, celui sur le cycle de l’eau. Sans ces mégabassines, l’eau de pluie « irait à la mer et serait perdue ». L’eau perdue n’existe pas dans le cycle de l’eau puisque c’est un mouvement continu entre le ciel, la terre et les océans. En réalité, en pompant le peu d’eau qui a réussi à s’infiltrer, les mégabassines perturbent grandement son cycle au détriment des milieux naturels.

La solution se trouve dans le développement de pratiques permettant de faire du sol ce qu’il est censé être : le principal réservoir d’eau. Ces pratiques sont multiples : développer la matière organique des sols, planter des haies et des arbres, maintenir et restaurer les prairies et zones humides, varier les assolements, sortir de l’usage des intrants chimiques… Elles permettent de limiter le ruissellement de l’eau au profit de son infiltration.

C’est pourquoi nous exigeons :
•    l’arrêt des projets de mégabassines, ultra subventionnés par l’argent public.
•    la mise en place d’un projet agricole et alimentaire qui préserve et partage l’eau dans nos territoires.
•    le développement de politiques publiques et mesures commerciales pour soutenir les changements de pratiques et les installations d’irrigation économe.

La balle est dans le camp des pouvoirs publics pour préserver enfin l’intérêt général. Nous, paysannes et paysans continuons de prendre notre part et manifesterons demain à Sainte-Soline pour dire STOP à ces mégabassines.

Nous sommes bien évidemment en accord avec les arguments avancés dans ce texte. Selon nous, deux points sont néanmoins à ajouter. Le premier concerne la destination de l’eau stockées dans ces bassines. Celle-ci concerne dans la majorité des cas, des parcelles en mono ou biculture. Ces cultures, outre les intrants chimiques qu’elles demandent pour se développer, ne font pas partie d’une rotation. Leur répétition sur une même parcelle contribue, sur le moyen terme, à l’appauvrissement et à la destruction des sols. Autre point qui n’est pas abordé ci-dessous, celui de la privatisation de l’eau. En effet, l’accès à cette eau stockée n’est pas ouvert à toutes et tous, ce serait trop beau…

Un dernier petit paragraphe avant de vous laisser repartir “surfer sur le web”. Le terme d’écoterrorisme a été utilisé ou plutôt martelé pour décrire la récente manifestation à Sainte-Soline. L’emploi de ce terme par certaines personnalités politiques n’est pas anodin. Il ne résulte pas d’une erreur, d’une exagération involontaire. L’usage d’une telle expression est consciemment calculé. Lorsqu’une personne est qualifiée de terroriste, l’entame d’un dialogue ou d’un débat devient immédiatement impossible, impensable. Le message voulu ici est clair: on ne discute pas avec ces oppositions, et l’usage de la force est donc légitime. Pour nous, il nous semble très dangereux d’amalgamer actions de lutte contre un modèle agricole destructeur, et terrorisme.

A-benn ar wech all evit keloù all ! A bientôt pour la nouvelle gazette !

2 réflexions sur “Gazette octobre – novembre 2022”

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