Gazette Juin – Juillet 2023

Les travaux du moment a la ferme

Ça y est l’été est là! Nous concevons bien qu’au moment de la lecture de cette gazette, le beau temps n’est peut-être pas de la partie… Eh oui, après un mois de juin chaud voire très chaud, nous nous mettons à l’écriture de cette gazette au creux d’un tunnel météo froid et humide digne d’un mois d’octobre… Les redoutés Mildiou, Cladiosporose et autres maladies appréciant l’humidité de l’air sont servies: il y a ce qu’il faut! Pas de panique non plus, les variétés de pomme de terre que nous avons choisies sont comme chaque année assez résistantes au mildiou. Mais il faut bien aérer les abris, tout en baissant les portes un peu lors des averses diagonales: un jeu d’équilibristes!

Assez parler du temps qu’il a fait – nous sommes paysans, difficile de faire l’impasse – et parlons plutôt de ce que nous avons fait à la ferme.

La période a été intense et il a fallu être sur tous les fronts: semis (donc arrosage et surveillance), plantation (donc pré-travail du sol ou débâchage), récoltes, entretien (paillage au foin, chasse aux doryphores, désherbages assis, debout, à genoux, avec un tracteur….).

Dehors, on arrose le compost de déchets verts sur lequel nous semons nos carottes (nouveauté 2023!), on épand du fumier, on plante courges/céleri rave/fenouil/betteraves…bref: nous préparons l’automne.

Chantier de plantation et palissage des pois en extérieurs début juin

Comme vu dans un précédent article, nous avons aussi eu le chantier de plantation de poireaux, qui s’est passé comme sur des roulettes! Grace à Alexandra, notre stagiaire de la CIAP (Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne), tout s’est très bien passé, on vous met la petite vidéo 🙂

Sous les abris, on plante par exemple les melons après avoir détruit les cultures primeurs du printemps. Chez nous, on évite d’exporter la totalité des restes de culture: soit ils se retrouvent en andains sous nos pieds dans les allées, soit ils serviront de nourriture à la culture suivante. Exemple d’itinéraire technique: coupe/broyage de culture primeure – Arrosage copieux – bâchage toile tissée – Plantation culture estivale

La ferme est ouverte à la visite de groupe d’enfants (centres de loisirs de Plomelin et Pluguffan, crèche de Plomelin). Quatre visites ont eu lieu ces deux derniers mois. Nous nous étions posés la question de la pertinence de visites aussi fréquentes à cette période chargée (d’autant que tout ceci n’est pas vraiment rémunérateur…). Nous avons arbitré que cela fait partie de notre rôle de paysans producteurs: faire découvrir notre métier aux plus jeunes, créer un lien durable avec les habitants de la commune,…etc. En tout cas, c’est un choix que nous ne regrettons pas en voyant les sourires des petits et des grands quand ils repartent de la ferme.

Malheureusement, pas de photo pour illustrer les visites des enfants pour des raisons évidentes de droit à l’image. A défaut, des petites mains potelées bien de chez nous 😉

Les enfants ont pu nourrir les poules, les boucs mais surtout croquer dans les premières tomates cerises, s’engouffrer sans peur dans le tunnel des haricots grimpants ou jouer à reconnaître le légume mystère tiré d’un boîte. Nous n’avons pas résisté à la tentation de faire revivre la tradition paysanne d’embaucher les jeunes recrues à la chasse aux doryphores… Cela rappellera sans doute des souvenirs aux les plus anciens d’entre nous! Reste seulement à trouver une réponse évasive à la question d’une bouille aux yeux émerveillés se levant vers nous: “qu’est ce que vous allez en faire après? où est-ce que vous z’allez les mettre ensuite?”. Peut-être sont-ils encore un peu jeunes pour que l’on leur expose nos différentes techniques de mise à mort testées sur la ferme (écrasage manuel, noyade, immolation par le feu… hum charmant.)

Quand il s’agit de tuer un seau entier rempli de doryphores, y’a pas 50 moyens pour aller vite…

Côté commercialisation, notre marché estival à Bénodet est bien lancé! Nous sommes toujours très contents de pouvoir discuter avec les touristes venus de tout le pays pour la réputée fraîcheur de notre climat (ils sont servis!) ainsi que les clients locaux qui nous retrouvent avec joie (“vous avez encore vos petites tomates rouges côtelées de l’année dernière? Et vos melons verts, quand vont-ils arriver? “). A la ferme les tables se multiplient pour porter nos récoltes et nous sommes toujours très heureux de vous retrouver à domicile le mercredi soir!

Dernière récolte notable en date: la récole de tomates de vendredi dernier, 250 kg m’sieurs-dames ! Et bim !

OLYMPUS DIGITAL CAMERA
Le chien malheureux (en tout et pour tout 4h/ semaine privé de la liberté de courir partout, snif)

Les legumes du mois

Les légumes que vous pourrez trouver sur notre étal au cours des mois d’été

  • Tomates de toutes sortes
  • Persil, basilic
  • Salades
  • Aubergines
  • Oignons blancs
  • Poivrons
  • Fenouils
  • Concombres
  • Haricots verts
  • Petits pois
  • Courgettes
  • Carottes
  • Betteraves crues et cuites
  • Melons
  • Pastèques

Aux fourneaux !

Celles et ceux qui nous suivent depuis quelque temps ont peut-être déjà entendu parler de cette recette, pour les nouveaux voilà de quoi mettre tout le monde d’accord autour de la table et réconcilier les plus fâchés avec le fenouil, et il y en a ! (un traître de notre propre famille -qui se reconnaitra- souhaitant créer un tee-shirt où on peut lire “le pastis: OUI le fenouil: NON).

Un doux mélange sucré/ salé qui devrait aussi plaire aux enfants.

Recette du mois : Tatin de fenouil et tomates au miel

(tirée du livre “On mange quoi ce soir?” S.Gabet)

Ingrédients (4p):

2 fenouils (500 g)

4 tomates moyennes

1 pâte brisée

6 cuillères à soupe d’huile d’olive

1 cuillère à soupe de miel

parmesan ou chèvre

Préchauffez le four à 180°C (th 6)

Coupez les légumes en dés de même taille.

Râpez le fromage.

Faire fondre les légumes dans une sauteuse avec 4 CS d’huile d’olive pendant 15 minutes. Salez poivrez. En fin de cuisson, faîtes caraméliser avec le miel pendant 5 minutes.

Versez le tout dans un moule à manqué badigeonné du restant d’huile. Couvrez avec la pâte brisée en rentrant bien les bords de la pâte à l’intérieur du moule.

Faites cuire au four pendant 20 minutes.

Attendez 2 minutes après la sortie du four avant de retourner la tatin sur la plat de service.

Déposez les copeaux de fromage par dessus.

EDITO

Dans cette rubrique, nous souhaitons exprimer des avis personnels en lien avec notre métier d’agriculteur, ou faire des petits zooms sur l’actualité de l’agriculture.

Pour ce nouveau numéro de gazette nous souhaitions vous reparler de la législation concernant la vente de tomates en bio en France. Nous avions en effet déjà écrit un article à ce sujet en juin 2021.

Dès 2019, la FNAB (Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique) avait proposé une interdiction pure et simple du chauffage des serres en bio. Et ce avec deux arguments simples : d’abord l’argument du bon sens agronomique ; ensuite celui d’une utilisation raisonnable de l’énergie en lien avec les questions climatiques et écologiques. Des négociations avec l’État et les représentants de l’Agriculture française avaient abouti en 2020 sur un accord “au rabais”: interdiction de vente des tomates bio issues de serres chauffées, ainsi que d’autres légumes (poivron, courgette, aubergine, concombre), avant le 1er mai.

On ne vous cache pas qu’à Legumaj Kergwenn, cela nous révoltait déjà un peu que l’on puisse produire des légumes bio en serres chauffées mais passons… Au moins, on pouvait faire passer le message que la saison des tomates bio en serres (froides) c’était de juin à Octobre.

Et tout récemment, surprise d’entendre aux informations nationales que cette nouvelle législation avait été retoquée… par le Conseil d’État! Voici un article explicatif reçu de la part du Groupement d’Agriculteurs Bio (GAB29):

Le Conseil d’État a annulé le 28 juin dernier la règle qui imposait des dates de commercialisation pour les légumes issus de serres chauffées en bio. Cette décision est rendue dans le cadre d’un recours formulé devant le Conseil d’Etat par FelCoop (la Coopération agricole) et par Légumes de France (FNSEA). Que dit la décision du Conseil d’État ?
En l’absence de disposition précise visant les serres chauffées dans le règlement européen, l’INAO n’a pas le droit d’édicter des règles qui ne sont pas prévues dans le règlement. En conséquence, le Conseil d’État annule la règle qui interdisait la commercialisation entre le 21 décembre et 30 avril de légumes issus de serres chauffées en bio. Cependant, l’obligation d’utiliser des énergies renouvelables n’a pas été contestée devant le Conseil d’État et reste en vigueur pour toutes les serres certifiées après le 01/01/2020 et à partir de 2025 pour les serres certifiées avant cette date. Pour la FNAB, c’est évidemment un recul.
La décision du Conseil d’Etat risque de pousser à l’industrialisation de la Bio en France et au recul des exigences environnementales du label. Nous déplorons que le Conseil d’Etat n’ait pas demandé à l’Europe son analyse, alors qu’il pouvait le faire. Nous allons rapidement analyser toutes les voies de recours.
Communiqué de presse FNAB : https://www.fnab.org/toujours-pas-de-tomates-bio-en-hiver/

En gros, l’argument est toujours le même, celui de la distorsion de concurrence avec l’étranger. Donc toute évolution qui va dans le sens de la durabilité pour tous ne doit pas être initiée si les voisins ne le font pas aussi. Une belle méthode pour ne rien changer à ce qui ne va pas, et continuer à foncer dans le mur tous ensemble (comme ça c’est plus juste 😉

Aujourd’hui, certains seront tentés de croire que la limitation aux énergies renouvelables pour chauffer des serres rend acceptable cette situation. Pourquoi ce n’est pas le cas? Quand on chauffe les serres, on incite forcément la profession à aller vers simplification des systèmes et vers la production en monoculture de légumes “rentables” toute l’année (basiquement, on tombe sur des “rotations” tomates-concombres). Cela entraîne fatalement l’intensification des intrants et les conditions pour l’augmentation du risque de développement de maladies végétales. Dans certaines pays nordiques comme l’Islande, on produit des fruits et légumes avec la géothermie. Cela peut s’entendre là-bas, une énergie locale et renouvelable pour produire des légumes qui ne pousseraient pas autrement et qui sont généralement importés…de loin.

Mais en France on peut sans problèmes produire des tomates bio sans serres chauffées, en serres froides (comme chez nous) ou en plein champ dans le sud. Et une coopérative légumière associée à un syndicat agricole productiviste veulent s’extraire du cycle naturel de production afin de gagner quelques mois voire semaines de vente….ou des parts de marché à l’international. Voilà une manière de résumer la décision qui vient d’être rendue par le Conseil d’État, dans un contexte de changement climatique de plus en plus prégnant…

C’est là qu’il faut relativiser notre action à nous producteurs locaux et bio!

Dans les champs, nous sommes les premiers et les premières à ressentir et subir les changements climatiques qui rendent nos activités dangereusement fragiles. Dans les commissions représentatives et les institutions, nous sommes les derniers et les dernières à influer sur les politiques publiques qui légifèrent nos conditions de production.

Yann pour LK

.

A-benn ar wech all evit keloù all ! A bientôt pour la nouvelle gazette !

4 réflexions sur “Gazette Juin – Juillet 2023”

  1. La recette marche aussi très bien avec des patates à la place du fenouil, et un verre de ricard en apéritif pour retrouver le goût anisé

  2. Aucun producteur ne se prendrait…le chou… à cultiver des tomates en serre chauffée s’il n’avait pas de débouchés derrière. Si le lobby économique est aussi fort sur cette question, c’est que la demande du consommateur l’est tout autant ! Donc il faut encore et toujours sensibiliser les citadins que nous sommes devenus, même en habitant à la campagne, à la saisonnalité des productions : non messieurs dames, on ne peut pas tout avoir tout le temps, réconcilions-nous avec la patience et le goût de l’attente ! Ca rejoint votre choix de poursuivre les animations même si c’est peu lucratif et chronophage. Bravo pour cet engagement, ils ont les épaules larges nos paysans !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut